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Économie politique de l’environnement

Mots clés : économie politique, lobbying, ONG, modèle de vote, politiques environnementales, redistribution

Les projets de recherche sous ce thème traitent de l’élaboration des politiques de l’environnement sous contraintes d’information incomplète, avec différents degrés de perceptions et différentes formes de comportement des individus. Les chercheurs du groupe étudient aussi les incitations à adopter des technologies plus respectueuses de l’environnement.

Les difficultés à mettre en place des politiques environnementales — en raison du lobbying d’un côté et du rejet des citoyens (bonnets rouges, gilets jaunes, etc.) de l’autre — suscitent des questions de recherche portant sur la manière dont les citoyens perçoivent les informations autour des problèmes environnementaux et sur le lien entre ces perceptions et leurs choix de vote. Hélène Ollivier s’intéresse à ces questions dans un cadre théorique : par exemple, les pouvoirs en place peuvent avoir une influence sur les élections à venir en infléchissant les perceptions des citoyens en menant des politiques plus ou moins vastes. Autre exemple: les électeurs ont souvent un biais de confirmation lorsqu’ils reçoivent une information, c’est-à-dire qu’ils ont tendance à ne croire que ce qui valide leur a priori, ce qui peut avoir des conséquences pas forcément défavorables sur les choix de politiques faits par les élus.

Le rejet des politiques environnementales peut également s’expliquer par l’existence de motivations non-pécuniaires (e.g., identité, normes). Certains chercheurs du groupe travaillent sur la formation de ces motivations et leurs implications pour la transition écologique ainsi que l’élaboration des politiques environnementales. Emeline Bezin s’intéresse aux processus socio-culturels (socialisation, imitation) qui permettent d’expliquer le changement intergénérationnel des valeurs environnementales. L’intégration de ces dynamiques au sein de modèles macroéconomiques de long terme permet de réévaluer le coût de la transition écologique et notamment de comparer l’efficacité des instruments de marché (e.g., taxes, permis) à celle de politiques non-monétaires telle que l’éducation. Emeline Bezin et Fanny Henriet travaillent sur les motivations identitaires et plus précisément sur la formation des identités collectives afin d’expliquer le rejet brutal de certaines politiques environnementales comme illustré par la naissance du mouvement Gilets Jaunes face à la taxe carbone.

David Martimort et Perrin Lefevre ont développé un cadre théorique permettant de mieux comprendre comment les groupes d’intérêt réussissent ou non à surmonter le problème d’action collective cher à Olson, et ceci dans un contexte où les coûts et les bénéfices de la formation d’un groupe sont intimement liés à l’existence et à l’influence déjà exercée par des groupes rivaux. Contrairement aux leçons portées par un très large corpus de travaux en sciences politiques ou même en économie politique, la concurrence entre groupes ne garantit en aucune façon que les politiques choisies in fine reflèteront un compromis équilibré entre des influences disparates. Des groupes d’intérêts forts et régis par une forte discipline sont plus à même de résoudre leur propre problème d’action collective et d’ériger de fortes barrières à l’entrée de groupes concurrents.

Les échecs répétés dans les négociations internationales ou dans la mise en application des accords a minima qui en résultent démontrent s’il en était besoin l’existence d’obstacles fondamentaux à des résolutions efficientes du problème de “mal public”. David Martimort et Wilfried Sand-Zantman ont montré dans quelle mesure les accords pouvaient se heurter à l’impossibilité de connaître avec précision les coûts auxquels chaque pays est confronté lorsqu’ils doivent s’engager à des trajectoires vertueuses de réduction de leurs émissions. Ces auteurs soulignent alors la difficulté qu’il y a à réconcilier les incitations de chaque pays à révéler ses coûts et l’efficacité qui requiert que chaque tonne de carbone qui y est produite soit payée à son coût social pour le reste du monde. Les mécanismes de marché s’avèrent ainsi une bien piètre façon de réconcilier ces objectifs. David Martimort et Aurore Staes approfondissent cette ligne de recherche en étudiant dans quelle mesure la mise en œuvre des politiques environnementales ambitieuses requises par les accords internationaux se heurtent en fait à un certain nombre de contraintes politiques internes à chaque pays. L’impossibilité qu’il y a à redistribuer les gains à adopter de telles politiques entre ceux qui polluent et ceux qui en souffrent conduit à renoncer à des engagements internationaux trop contraignants.

En collaboration avec Thomas Lyon (Université du Michigan), Mireille Chiroleu-Assouline a étudié les effets sur les décisions de politique économique des efforts exercés par les groupes d’intérêt industriels pour décrédibiliser les experts ou les ONG environnementales. Avec Rosanne Logeart, elle poursuit l’analyse des effets de freinage de la politique environnementale par des lobbies, de manière théorique et empirique, en particulier au niveau européen.

  • Chercheurs : Emeline Bezin, Mireille Chiroleu-Assouline, Fanny Henriet, David Martimort, Hélène Ollivier
  • Doctorants associés : Rosanne Logeart

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